27ème Cinémas d'Ailleurs : Asie extrême
27ème cinémas d'Ailleurs
(du 5 au 11 novembre) :
ASIE EXTRÊME
L'Extrême Orient apparaît aux yeux des occidentaux comme un monde particulier, difficile à pénétrer. Pourtant le cinéma de pays comme le Japon, la Corée du sud, la Chine et Taiwan connaît un vif intérêt auprès des spectateurs/cinéphiles français. A travers les 10 films choisis, accompagnés de débats et d'une conférence, nous espérons vous permettre de mieux appréhender et ces sociétés et leur cinéma.
- Les films sont projetés en version originale sous-titrée en français, à l’exception de Lou et l’Ile aux sirènes (version française)
- Dimanche 5 et lundi 6, les films seront présentés et les débats animés par Pascal-Alex Vincent.
Pascal-Alex Vincent est réalisateur, scénariste, enseignant de cinéma à la Sorbonne Nouvelle. Il a dirigé l’ouvrage collectif : Dictionnaire des cinéastes japonais. - Samedi 11 à 18h : conférence de Gilbert croué, historien d'art : ZAO WOU KI, le survol du paysage (tarif unique : 5 €, Gratuit pour les adhérents).
LOU ET L’ILE AUX SIRÈNES
À la suite du divorce de ses parents, Kai, collégien solitaire, quitte Tokyo pour un petit village de pêcheurs. Il compose de la musique électronique et va répéter sur une île isolée. C’est alors que, grâce à sa musique, il rencontre en secret Lou, une sirène qui devient son amie.
LUMIÈRES D'ÉTÉ
Akihiro, réalisateur japonais, vient de Paris où il vit, interviewer à Hiroshima des survivants de la bombe atomique. Profondément bouleversé par ces témoignages, il fait une pause et rencontre dans un parc une étrange jeune femme, Michiko. Petit à petit, il se laisse porter par la gaîté de Michiko et décide de la suivre pour un voyage improvisé à travers la ville, jusqu'à la mer.
Pour son premier film de fiction, deux ans après son remarquable documentaire : Une jeunesse allemande, Jean-Gabriel Périot se coule avec humilité dans la culture japonaise et nous offre « un récit tendre et romantique doublé d’une superbe réflexion sur la mémoire, la tradition, la modernité. Un film d’une grande sensibilité. » Fiches du cinéma.
APRES LA TEMPÊTE
Malgré un début de carrière d’écrivain prometteur, Ryota accumule les désillusions. Divorcé de Kyoko, il gaspille le peu d’argent que lui rapporte son travail de détective privé en jouant aux courses, sans pouvoir payer la pension alimentaire de son fils de 11 ans. A présent, Ryota tente de regagner la confiance des siens et de se faire une place dans la vie de son fils.
Le dernier film de Kore-Eda livre une réflexion profonde sur la façon de rater sa vie. Comment un individu doué, espoir de sa famille et de ses amis, peut-il s’installer dans un ratage érigé en mode de vie. Kore-Eda est un réalisateur profond et délicat, pudique et modeste, qui nous donne une œuvre touchante, souvent faite de petits riens, de vie quotidienne, de rapports humains soumis à l’épreuve du temps, profondément humaine et sensible.
SAYONARA
Dans un avenir proche, le Japon est victime d’attaques terroristes sur ses centrales nucléaires. Tania, atteinte d’une longue maladie, attend son ordre d’évacuation dans une petite maison perdue dans les montagnes. Elle est veillée par Leona, l’androïde de première génération offert par son père. Toutes deux deviennent les derniers témoins d’un Japon qui s’éteint à petit feu. Mais doucement, l’effroi cède la place à la poésie et la beauté.
Kôji Fukada ne cesse de nous surprendre. Après Au revoir l’été aux accents rohmériens et Harmonium, sombre thriller, il aborde la SF en mettant face à face une comédienne et un véritable robot : Geminoid F, crédité au générique. Adapté d’une pièce de théâtre, Sayonara raconte la fin d’un monde et la fin d’une existence dans une esthétique solaire. « Un film de SF domestique à la beauté foudroyante ». Les Inrockuptibles
UNE FEMME DANS LA TOURMENTE
Reiko, veuve de guerre qui s’occupe du petit commerce de ses beaux-parents, voit son avenir menacé par l’ouverture prochaine d’un supermarché dans le quartier. C’est alors que Koji, son beau-frère, revient à la maison après avoir quitté son emploi à Tokyo…
Inédit en France – où Naruse demeura longtemps méconnu – ce long métrage tisse deux fils de sa filmographie : le portrait de femme et le bouleversement de la structure familiale au Japon, après la Seconde Guerre mondiale. Une femme dans la tourmente met en scène la magnifique Hideko Takamine, avec qui le cinéaste tournera 17 de ses 89 films. Après avoir décrit minutieusement une petite ville japonaise où tout le monde vit sous le regard des autres et qu’envahit une modernité vulgaire et agressive, le film fait place à la description d'un amour impossible, tragique et poignant. Un chef d’œuvre !
CREEPY
Un ex-détective devenu professeur en criminologie s’installe avec son épouse dans un nouveau quartier, à la recherche d’une vie tranquille. Alors qu’on lui demande de participer à une enquête à propos de disparitions, sa femme fait la connaissance de leurs étranges voisins.
Kyoshi Kurosawa renoue avec le polar horrifique et réalise un film très abouti, mâtiné d’enquête policière et de mélodrame. Jouant sur l’opposition entre le monde du dessus lumineux où règne la réalité des rapports sociaux, et le monde du dessous celui de l’obscurité des relations sordides, il signe un film très noir et parfaitement maîtrisé.
DANS UN RECOIN DE CE MONDE
La jeune Suzu quitte Hiroshima en 1944, à l'occasion de son mariage, pour vivre dans la famille de son mari à Kure, un port militaire. La guerre rend le quotidien de plus en plus difficile, malgré cela, la jeune femme cultive la joie et l'art de vivre. Mais en 1945, un bombardement va éprouver son courage.
A la fois portrait de femme et chronique d’une époque révolue, Dans un recoin de ce monde nous offre l’ampleur de la grande Histoire à travers l’histoire intime d’une héroïne particulièrement attachante. Les décors sont impressionnants, les scènes d’alerte spectaculaires et les relations humaines peintes avec une grande délicatesse. « Au-delà de la tragédie dépeinte, le récit d’un quotidien modeste et envoûtant, à travers lequel se déploie tout l’éclat de la culture japonaise.» Fiches du cinéma.
ENTRE DEUX RIVES
Sur les eaux d'un lac marquant la frontière entre les deux Corées, l'hélice du bateau d’un modeste pêcheur nord-coréen se retrouve coincé dans un filet. Il n’a pas d’autre choix que de se laisser dériver vers les eaux sud-coréennes, où la police aux frontières l’arrête pour espionnage. Il va devoir lutter pour retrouver sa famille...
Le film de Kim Ki-duk dénonce l’absurdité du conflit qui oppose les deux Corée depuis plus de 60 ans. Il décrit ce qu’est aujourd’hui la frontière qui les sépare et la paranoia qui règne des deux côtés. La société coréenne de chaque côté est filmée avec toutes ses contradictions, ses excès, sa cruauté. Le pauvre pêcheur est pris dans un cauchemar kafkaien. « Un film passionnant avec la tension que Kim Ki-duk insuffle à ses films et l’humanité avec laquelle il dessine ses personnages. » Positif
TAIPEI STORY
Lung et Chin se connaissent depuis de nombreuses années. Lui est un ancien joueur de base-ball sans véritable ambition professionnelle ; elle a un poste de secrétaire au sein d’un grand cabinet d’architectes. Le sentiment qu’ils éprouvent l’un pour l’autre est un mélange d’amour et d’affection profonde, aux contours flous. Mais le licenciement brutal de Chin va bientôt fissurer leur couple et compromettre leur projet de vie commune…
Réalisé en 1985, Taipei Story, deuxième long-métrage d’Edward Yang, réalisateur phare du Nouveau Cinéma taïwanais est resté inédit en France jusqu'en 2017. Il nous parle avec éloquence d’un monde qui allait déjà à sa perte au milieu des années 1980 : couples à la dérive, absence de fraternité, incommunicabilité, disparition du vieux monde.« Le film dresse le portrait somptueux [d’une ville] où s’exprime en chaque plan un génie de la composition et de la lumière. Yang sait filmer en majesté tous les états, toutes les nuances du jour, tandis que, à mesure que le récit progresse vers son horizon tourmenté, le vide et l’obscurité font leur lit dans ses plans. » Libération
Conférence : ZAO WOU KI, le survol du paysage
Zao Wou-Ki est né en 1920 en Chine. Après des études de Beaux-arts alliant la tradition de la peinture chinoise, la calligraphie mais aussi la connaissance de la peinture occidentale, il décide de venir travailler à Paris en 1948. Il découvre la vitalité des arts en Europe après le séisme de la seconde guerre mondiale et se lie d’amitié avec des peintres et des poètes. Il réussit à concilier, petit à petit, dans sa peinture et dans ses encres, les deux cultures, chinoise et occidentale. Il développe un paysagisme abstrait de grande ampleur, porteur d’espaces et de rêves. Sa très grande maîtrise technique et sa vision lui permettent de réaliser des tableaux de grands formats, dans lesquels le regard du spectateur s’engouffre et survole des vallées et des bois, des plaines et des sommets de montagnes qui ne sont atteignables que par les sages… Peinture poétique de la nature ou nature poétique de la peinture, nous sommes conduits à rêver dans un glissement de pinceau et de traits de couleurs. C’est le chant de la terre allié à la magie de la peinture, qui est offert par un des plus grands peintres contemporains. Il nous démontre qu’il n’y a pas de frontière culturelle pour l’art, surtout pour celui qui a du talent.
Gilbert Croué a enseigné l’Histoire de l’Art comme formateur d’enseignants, comme Chargé de cours au Département d’Histoire à l’Université de Nice et à l’Ecole Municipale d’Arts Plastiques de Nice. Il est actuellement enseignant pour l’Université de Nice Inter-Ages de Nice et conférencier pour différentes sociétés littéraires et artistiques et pour plusieurs associations d’amis des musées.
I AM NOT MADAME BOVARY
Li Xuelian et son mari Qin Yuhe simulent un divorce pour obtenir un second appartement. Six mois plus tard, Qin se marie à une autre femme. Abandonnée et bafouée, Li se lance dans une quête de justice qui va durer des années. Un portrait satirique de la Chine à travers le combat d’une femme déterminée à faire valoir ses droits.
A la fois comédie dramatique et satire sociale, I am not madame Bovary est avant toutes choses d’une grande beauté formelle. L’histoire de Lin qui se déroule sur 10 ans est pour l’auteur l’occasion de dresser un portrait satirique d’une Chine corrompue à l’administration incompétente et répressive. Une fable des temps moderne.
Joyeux et optimiste, Lou et l’île aux sirènes traduit une grande foi dans l’innocence de l’adolescence. Résolument pop, le dessin recourt à toute une palette acidulée et utilise un carnaval de formes et de couleurs. Le film séduira tous les âges par l’histoire, le graphisme, la musique de ce conte initiatique.