31ème Cinémas d'ailleurs : À L’EST, DU NOUVEAU
TRAINS ÉTROITEMENT SURVEILLÉS
BUTTERFLY VISION
Lilia, une spécialiste en reconnaissance aérienne, retourne auprès de sa famille en Ukraine après plusieurs mois passés en prison dans le Donbass. Le traumatisme de la captivité la tourmente et refait surface sous forme de visions. Quelque chose de profondément ancré en elle l'empêche d'oublier, mais elle refuse de se voir comme une victime et se bat pour se libérer.
LE SERMENT DE PAMFIR
Dans une région rurale aux confins de l’Ukraine, Pamfir, véritable force de la nature, retrouve femme et enfant après de longs mois d’absence. Lorsque son fils se trouve mêlé à un incendie criminel, Pamfir se voit contraint de réparer le préjudice. Mais devant les sommes en jeu, il n’a d’autre choix que de renouer avec son passé trouble. Au risque de tout perdre.
Sur la trame usée du film de mafia, le film de Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk frappe par sa puissance narrative et son habileté à mélanger les genres et à plonger le spectateur dans une forme de violence ancestrale et endémique.
LA FEMME DE TCHAÏKOVSKI
Le film est présenté en compétition au Festival de Cannes 2022. Russie, 19ème siècle. Antonina Miliukova, jeune femme aisée et brillante, épouse le compositeur Piotr Tchaïkovski. Mais l’amour qu’elle lui porte tourne à l’obsession et la jeune femme est violemment rejetée. Consumée par ses sentiments, Antonina accepte de tout endurer pour rester auprès de lui.
Dans une mise en scène sobre et sombre, Kirill Serebrennikov restitue le portrait saisissant d’une femme prisonnière de son admiration pour le célèbre compositeur russe. Un film noir et cynique, admirablement incarné par sa comédienne principale, Alyona Mikhailova.
107 MOTHERS
Mostra de Venise 2021 : prix du meilleur scénario de la section Orizzonti
Festival de cinéma européen des Arcs 2021 : Flèche de Cristal du meilleur film
Festival international du film Nouveaux Horizons 2022 : prix du public
Lyesa donne naissance à un petit garçon dans une prison d’Odessa, en Ukraine. Ici, les mères peuvent s’occuper de leurs enfants jusqu’à leurs trois ans. Ensuite, il faut trouver un membre de la famille prêt à le recueillir, ou c’est le placement définitif en orphelinat. À l’approche de l’anniversaire fatidique, Lyesa tente tout pour ne pas être séparée de son fils.
Le film de Péter Kerekes interroge le carcan de la prison dans cette situation particulière de la maternité, en entrelaçant sans cesse la froideur et la compassion. Simplicité de la mise en scène, émotion puissante du récit : c’est du cinéma social, et du meilleur.
BABI YAR. CONTEXTE
Festival de Cannes 2021 : Oeil d'Or SCAM - prix spécial du jury
Festival international du film de Chicago 2021 : Hugo d'argent
Festival international du film de Jérusalem 2021 : Meilleur documentaire expérimental
Festival du film de Londres 2021 : Meilleur documentaire
Les 29 et 30 septembre 1941, le Sonderkommando 4a du Einsatzgruppe C, avec l’aide de deux bataillons du Régiment de Police Sud et de la Police auxiliaire ukrainienne, a abattu, sans la moindre résistance de la part de la population locale, 33 771 Juifs dans le ravin de Babi Yar, situé au nord-ouest de Kiev. Le film reconstitue le contexte historique de cette tragédie à travers des images d’archives documentant l’occupation allemande et la décennie qui a suivi. Lorsque la mémoire s’efface, lorsque le passé projette son ombre sur le futur, le cinéma est la voix qui peut exprimer la vérité.
Le metteur en scène ukrainien Serguei Loznitsa, plonge dans les archives pour interroger un crime de masse de la Seconde Guerre Mondiale. Un documentaire saisissant sur un fait passé mais aussi sur ce mécanisme qui, de tout temps, déshumanise l'humain et le transforme en assassin.
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
EO
Le monde est un lieu mystérieux, surtout vu à travers les yeux d'un animal. Sur son chemin, EO, un âne gris aux yeux mélancoliques, rencontre des gens bien et d'autres mauvais et fait l'expérience de la joie et de la peine, mais jamais, à aucun instant, il ne perd son innocence.
Fable animiste, conte métaphysique et cauchemar onirique, EO est un peu tout cela à fois. C’est avant tout une expérience de cinéma hallucinée et hallucinante dans laquelle Skolimowski démontre une vivacité cinématographique rare, sur une durée ultra resserrée d’une heure vingt-six ! Un trip viscéral, immersif et total qui ne trouve que peu d’équivalent dans le paysage cinématographique actuel, et qui par conséquent fait un bien fou.
Le film sera accompagné par Daniel Rocchia qui présentera EO et répondra aux questions du public.
R.M.N.
Quelques jours avant Noël, Matthias est de retour dans son village natal, multiethnique, de Transylvanie, après avoir quitté son emploi en Allemagne. Il s’inquiète pour son fils, Rudi, qui grandit sans lui, pour son père, Otto, resté seul et il souhaite revoir Csilla, son ex-petite amie. Il tente de s'impliquer davantage dans l'éducation du garçon qui est resté trop longtemps à la charge de sa mère, Ana, et veut l’aider à surpasser ses angoisses irrationnelles. Quand l’usine que Csilla dirige décide de recruter des employés étrangers, la paix de la petite communauté est troublée, les angoisses gagnent aussi les adultes. Les frustrations, les conflits et les passions refont surface, brisant le semblant de paix dans la communauté.
Mungiu ausculte la xénophobie ordinaire dans un film impressionnant. Il y ausculte toutes les problématiques communes à nos sociétés occidentales (chômage et précarité grandissantes, dévoiement du modèle européen et de son système d’aides conduisant à des aberrations, peur et par ricochet haine de l’étranger…) qui en rendent le quotidien irrespirable. Le tout dans un geste de cinéma d’une limpidité jamais prise en défaut où naturalisme et onirisme dialoguent à merveille.