21ème Cinémas d'Ailleurs
L'AMÉRIQUE DU SUD HISPANOPHONE
A travers 10 films en version originale sous-titrée en français, Cinémas d'Ailleurs vous propose un tableau de la société sud-américaine de langue espagnole.
3 films (Fausta, L'homme d'à côté et La Buena Vida) seront présentés par Philippe Serve, animateur de Cinéma sans frontières.
Philippe Serve
Bien que cinéphile depuis l’âge de quinze ans, c’est au théâtre que Philippe Serve consacre près de vingt ans en tant qu’acteur, auteur et metteur en scène. Il passe quatre années à Londres où il remporte notamment un Prix de la mise en scène en 1986 puis celui du meilleur spectacle en 87 pour deux pièces de son cru. Il écrit, produit et joue alternativement en français et en anglais. Auteur de deux romans (non publiés), il se consacre à la cinéphilie à partir de 1998 et la création de son site de critiques « Ecrans pour Nuits Blanches », référencé pendant trois ans le plus consulté parmi les sites cinématographiques francophones non commerciaux.
En 2002, il crée à Nice l’association « Cinéma sans Frontières » - basée depuis ses débuts au cinéma d’Art et Essai Mercury - destinée à ouvrir des fenêtres sur le monde et ses multiples cultures via le cinéma d’auteur. L’objectif est aussi de resituer les films dans leurs différents contextes et, tout en les décryptant, d’offrir la parole au public lors de débats systématiques. Présentateur d’environ 400 films et animateur de près d’autant de débats, il a également programmé une quinzaine de festivals – dont un sur le cinéma indien pour le musée des Arts asiatiques de Nice – et travaille en collaboration avec de nombreuses institutions et associations locales (Cannes Cinéma, Académie Clémentine, AMCA, Culture et Cinéma, Lumière des toiles, Les Visiteurs du Soir, Espace Magnan, etc.). Conférencier, animateur d’un « CinémAtelier » au sein de CSF, il est un intervenant régulier en milieu scolaire pour « Lycéens et apprentis au cinéma ».
A l'occasion de cette manifestation, la librairie ARTS & LIVRES de Mouans-sartoux proposera à la vente des livres sud-américains, et Georgina présentera ses objets d'artisanat péruvien issus du commerce équitable.
Samedi 12 novembre à 19h30, les spectateurs pourront se rencontrer et discuter autour d'un pot, avec dégustation (payante) de plats péruviens.
FAUSTA (V.O.)

Fausta est atteinte d'un mal étrange, transmis par ce qu'on nomme au Pérou "le lait de la douleur". Elle vit en effet dans la peur, une peur qui a été transmise par sa mère, victime d'un viol. A la mort de sa mère, Fausta devra affronter ses peurs pour pouvoir renaître...
MEDIANERAS (V.O.)

Martin est phobique mais se soigne. Petit à petit il parvient à sortir de son isolement, de son studio et de sa réalité virtuelle. Mariana sort d'une relation longue. Elle est perdue et confuse, à l'image du désordre qui règne dans son appartement. Martin et Mariana vivent dans la même rue, dans des immeubles l'un en face de l'autre. Ils fréquentent les mêmes endroits mais ne se remarquent pas. Comment peuvent-ils se rencontrer dans une ville de trois millions d'habitants ?
Medianeras se construit sur un hommage magnifique et inédit à la capitale argentine. Les plans sont très étudiés, quelques pointes d’humour et de véritables trouvailles apparaissent ici et là dans le cadre de cette comédie sentimentale douce-amère. L’ensemble, délicieux, accuse l’influence de Woody Allen dans le cinéma argentin.
L'OEIL INVISIBLE (V.O.)

Buenos Aires, mars 1982. Alors que des manifestations monstres ébranlent la dictature militaire, Maria Teresa, 23 ans, surveillante dans le lycée le plus prestigieux de la ville, décide, avec l’approbation de son supérieur, d’observer ses élèves d’encore plus près et se lance alors dans une surveillance acharnée de ce petit monde clos, imaginant, décelant, traquant...
Ambigu jusqu'au vertige par la complexité de son héroïne, mélange instable de raideur silencieuse et de frustration sexuelle, le film de Diego Lerman revisite l'histoire de son pays, tout en en soulignant une universalité toujours d'actualité.
GIGANTE (V.O.)

Veilleur de nuit dans un supermarché, Jara s’éprend d’une des femmes de ménage qu’il observe sur ses écrans de contrôle.
Le premier film d’Adrian Biniez est concentré sur un seul personnage : Jara, alias « le gros, alias « Gigante ». Aucune trace de voyeurisme, nulle once de perversité chez notre géant tout en ingénuité, timidité et bonhomie contenue. On est happé par ce récit tout en finesse et simplicité, nourri de détails justes et touchants. Une belle réussite.
LA FENÊTRE (V.O.)

Au nord de la Patagonie, au cœur d'une hacienda, Antonio, 80 ans, attend. Des rayons de lumière tourbillonnent à travers la fenêtre, des voix et des bruits proviennent de l'intérieur de la maison, comme d'habitude. A l'orée de sa vie, le vieil homme se tourne vers la fenêtre, pour s'évader en pensée et attendre le retour de son fils, éloigné de lui depuis des années.
Après Bombon el Perro et El Camino de San Diego, Carlos Sorin dépeint avec pudeur et élégance les sentiments qui animent un vieil homme au soir de sa vie. « La richesse des détails de cette seule journée, tels un chapitre de Proust ou une nouvelle de Borges, abolit le temps et enchante l'âme. » Elle. « Sorin choisit la poésie, la sensualité, la tendresse, l'humour, pour se livrer à une peinture humaine qui assume avec élégance sa mélancolie. » Positif
OCTUBRE (V.O.)

Clemente est un prêteur sur gages de Lima, connu de tous mais peu communicatif. Malgré cela, Sofia, sa vieille fille de voisine, met en lui tous ses espoirs lorsque le destin les rapproche. En effet, Clemente va l’engager comme garde d’enfants lorsqu’on dépose chez lui un nouveau né, fruit de sa relation avec une prostituée qui a depuis pris le large.
Voici un premier film à l’atmosphère douce-amère, avec des personnages au seuil d’un changement majeur dans leur vie et une Lima enivrée par l’encens des processions religieuses. L’humour noir des frères péruviens est un délice. Ils ont construit une histoire riche où la tension dramatique nous tient de bout en bout, et nous livrent une vison du monde plutôt optimiste. Une belle surprise !
LES COULEURS DE LA MONTAGNE (V.O.)

Un village dans la cordillère des Andes en Colombie… Manuel a joue chaque jour au football avec les garçons de son âge. Pour ses 9 ans, son père lui offre un nouveau ballon. Un jour, Manuel et Julian, son copain de toujours, envoient le ballon sur un champ de mines par inadvertance. Malgré le danger, toute la bande de gamins décide d’aller le récupérer coûte que coûte…
Tourné avec des acteurs non professionnels, Les Couleurs de la montagne s’intéresse à la réalité vécue par les habitants des contrées rurales, premières victimes des affrontements entre les soldats et les FARC. Cette réalité est vue par le regard des enfants, choix particulièrement judicieux qui évite tout mélo tire-larmes. Un vibrant témoignage sans violence complaisante.
LES VIEUX CHATS (V.O.)

Une journée particulière dans la vie d’Isadora, octogénaire des quartiers chics de Santiago du Chili : sa fille Rosario a l’intention de se refaire une santé financière en la contraignant à vendre l’appartement familial...
3ème film de Sebastian Silva dont le film La Nana avait eu le grand prix du jury au festival de Sundance.
L'HOMME D'À CÔTÉ (V.O.)

Leonardo fait partie des designers en vogue de son pays. Signe évident de sa réussite, il vit avec son épouse Ana et sa fille Lola dans la maison Curutchet, seule maison construite par Le Corbusier en Argentine. Un matin, il est réveillé par un bruit obsédant, comme si on perçait un mur.
Bourré de situations cocasses, tout en étant toujours sur la corde raide et ultra-tendu, le film part d'une simple querelle de voisinage pour peindre deux milieux socioculturels qui n'auraient jamais dû se croiser. Les coups de marteau font voler en éclat l’univers douillet d’un bobo latino. La mise en scène de ce duel joue des audaces architecturales de cette maison atypique. Un film très politiquement incorrect, une véritable réussite.
LA BUENA VIDA (V.O.)

Santiago du Chili, aujourd’hui. Teresa, assistante sociale spécialisée dans la contraception, croit tout contrôler dans sa vie jusqu’au jour où elle apprend que sa fille de 15 ans est enceinte. Edmundo, un coiffeur de 40 ans, vit encore chez sa mère. Mario, clarinettiste, postule à l’orchestre philharmonique. Ces habitants se croisent dans la cité en mouvement …
Andrès Wood signe là un film sobre mais profondément touchant, par petites touches subtiles pleines de réalisme. La caméra, à la fois allusive et pénétrante, sait faire vibrer subtilement la singularité des personnages. Une chronique urbaine juste et sensible.
Avec ce deuxième film, Claudia Llosa aborde métaphoriquement l’histoire tourmentée de son pays, le Pérou, et signe une réflexion pertinente et inspirée sur les prolongements de la guerre civile, une fois la paix revenue. Un film tout à fait remarquable, d’une grande élégance, qui atteste d’une considération pour les cultures populaires, d’une attention aux goûts des « gens de peu ».